Artistes

Clarisse Leardi

« Je commence par choisir mes objets par rapport à leur beauté. Par beauté, j’entends la complexité, le mystère qui se dévoile à celui qui veut prendre le temps de regarder, de décortiquer, de comprendre. Je peins des morceaux de viande, du tissu, du journal, des coquillages, des cailloux, des formes informes, vouées à la métamorphose. Je laisse mon ressenti prendre le des- sus sur la fonctionnalité de ces objets.

Par compositions sur le motif, mises en scène, ou collages d’images, je propose des rencontres, je déplace ces objets dans un nouvel espace ima- ginaire qui les accueille par contraste de formes ou de couleurs. On peut alors parler de nature morte.

Les objets deviennent des choses. Choses que l’on peut nommer mais qui existent pour leurs apparences. Quand je représente de la viande, je pense travailler sur un motif baroque que je charge de sensible. C’est ainsi que des théières peuvent mimer une reproduction de limace, qu’une moulure de cheminée en marbre peut devenir corps et chair ou que des pommes de terre germées peuvent se transformer en tiques.

Mon sujet est un prétexte à peindre. Par leurs simples présences, la viande, comme le tissu, évoquent des enjeux de peinture : un travail de couches, de matières, de transparences, de reflets, de luisances…
Héritiers d’une grande histoire de l’art et plus précisément de la peinture, nous dialoguons indéniablement avec l’art du passé. Il m’ est alors impor- tant de ne pas faire table rase, mais plutôt de me réapproprier l’un des plus grands sujet de l’histoire de la peinture, pour le réactualiser et continuer cette transmission. »